Combien de marins seront au départ de la Solitaire du Figaro si elle a lieu en 2020 ?

Quel plateau pour la Solitaire du Figaro ?

Erigée en priorité avec le Vendée Globe lors d’une récente réunion de toutes les classes de course au large organisée par la FFVoile, la 51e Solitaire du Figaro est toujours dans les tuyaux de son organisateur, OC Sport, qui se prononcera définitivement sur sa tenue d’ici le 15 juin. Dans quelles conditions peut se dérouler la course ? Avec quel plateau ? Comment se passera la qualification ? Tip & Shaft a enquêté.

Après avoir dû reporter la Transat AG2R La Mondiale à 2021 et annuler The Transat CIC, OC Sport Pen Duick espère bien pouvoir organiser cette année la 51e Solitaire du Figaro, programmée du 30 août au 20 septembrePlusieurs scénarios sont aujourd’hui à l’étude, présentés aux skippers dans un email qui leur a été adressé vendredi dernier.

Le premier, qui consistait à organiser la course telle qu’elle était prévue avant le Covid, avec cependant l’application de mesures sanitaires (masques, gel hydroalcoolique, prises de température, sens de la circulation dans les villages…), a déjà du plomb dans l’aile, comme le confie le chef de projet Solitaire du Figaro chez OC Sport, Alex Picot : “Aujourd’hui, on se rend compte en avançant que notre scénario 1 est moins envisageable qu’il ne l’était il y a quelques jours, parce que la situation va nous obliger de toute façon à faire des aménagements. Donc on travaille plutôt sur un scénario 2 qui nécessiterait de repenser ou de supprimer certains sous-ensembles, comme les remises des prix, les arrivées au ponton, les soirées officielles, les séances de dédicaces, les présentations des skippers…”

Le parcours et le programme pourraient-ils être modifiés et le nombre d’étapes revu à la baisse ? “On pourrait être amené à jouer là-dessus dans un « scénario 2 bis » si les autorités nous imposaient un dispositif final qui nécessiterait de s’inscrire dans des dates précises et nous interdirait de naviguer dans des eaux nationales étrangères”, répond le chef de projet. Le troisième scénario est l’annulation de cette édition 2020 : “On ne le conçoit que si, en rentrant dans les détails du scénario 2, on se rend compte qu’il n’est pas tenable en termes de satisfaction des parties prenantes. Et bien sûr en cas de retour en arrière sanitaire avec une deuxième vague qui obligerait soit à ralentir le déconfinement, soit à durcir les règles en place”, explique Alex Picot.

Quid d’une Solitaire sans village ? “Il y a deux scénarios qu’on ne considère pas aujourd’huic’est un report de quelques semaines, parce que le créneau disponible est très limité – entre période Vendée Globe et dégradation de la météo – et une course à huis clos. Les collectivités, qui sont très importantes, considèrent que l’aspect village/manifestation populaire entre à part entière dans ce qui justifie leur engagement et il est hors de question pour nous de faire le forcing dans le sens du huis clos.”

Une décision définitive sera annoncée avant le 15 juin en tenant compte du maximum de paramètres possibles, dont le nombre de participants. Pour cela, l’organisateur a sondé la classe Figaro Beneteau pour estimer le nombre d’intentions de participation. Il a aussi insisté auprès des marins pour qu’ils s’inscrivent, leur garantissant le remboursement des droits d’inscription en cas d’annulation pour cause de Covid et évoquant auprès d’eux un seuil minimum de 25 inscrits“L’objectif est de leur dire : « N’ayez pas peur de vous inscrire », nous faisons tout pour organiser la course, il faut aussi qu’ils jouent le jeu, parce qu’à date, on n’a que 2 pré-inscrits [Alexis Loison et Armel Le Cléac’h], justifie Alex Picot.

UN PLATEAU POTENTIEL DE 28 À 33 MARINS

Deux pré-inscrits sur les 31 marins qui, dans le sondage effectué par la classe (réponses enregistrées du 5 au 9 mai), ont fait part de leur intention de courir la Solitaire. Parmi ceux-ci, les « écuries » – Bretagne CMB avec Loïs Berrehar, Tom Laperche et Elodie Bonafous, Skipper Macif avec Pierre Quiroga et Erwan Le Draoulec, Banque Populaire avec Armel Le Cléac’h, Team Vendée Formation avec Kevin Bloch – ont publiquement annoncé leur participation ou nous l’ont confirmé.

Tip & Shaft a en effet contacté individuellement plus d’une trentaine de marins. Sur les 31 de la liste transmise par la classe, seul Arthur Hubert nous a indiqué que le Figaro de la structure malouine BE Racing ne serait pas aligné sur la Solitaire cette année. De son côté, Morgan Lagravière nous a confié : “Je m’étais mis en tête de la faire, il se trouve qu’en parallèle, j’ai un engagement avec Gitana pour le Trophée Jules Verne. Comme le programme de Gitana a changé, il faut que je voie si les deux sont compatibles, je vais prendre une décision dans les jours qui viennent.” Quant à Gildas Mahé, il pointe juste une histoire de dates : Si la Solitaire est aux dates prévues, j’ai eu la confirmation de mon sponsor que je serai présent, mais il ne faudrait pas qu’elle soit décalée, car on envisage de faire le Spi Ouest-France [24-27 septembre], dont Breizh Cola est partenaire. Dans le contexte actuel, on utilise toutes les occasions à notre disposition pour faire des RP.”

Ce contexte Covid, s’il conduit la quasi-totalité des marins à limiter les dépenses au maximum – moins de voiles neuves, pas de préparateur ou sinon partagé, moins de jours de navigation et d’entraînement -, n’a pour l’instant pas fait tant de dégâts. Seul Achille Nebout a annoncé avoir perdu son partenaire principal fin mars. Ce dernier, qui ne figure pas dans la liste des 31 de la classe, nous a confirmé compter cependant faire la Solitaire, “même avec un tout petit budget”. Parmi les « hors-liste », nous ont également annoncé leur participation Cécile Laguette et, sans doute, Robin Marais“Je m’étais dit que c’était bâché et qu’il valait mieux se concentrer sur 2021, mais finalement, par rapport à des petits partenaires qui sont avec moi depuis l’année dernière, j’aimerais boucler le truc proprement, je vais prendre la décision d’ici dix jours”, indique ce dernier.

En revanche, pour ceux qui n’avaient pas de sponsor avant mars, comme Sébastien Marsset ou Adrien Hardy, la crise a sonné le glas de leurs espoirs. “Il y a bien trop d’incertitudes pour se lancer dans l’aventure et réussir à convaincre les sponsors”, confie le second. Martin Le Pape, qui n’a pas réussi à embarquer les sponsors qui devaient l’accompagner sur la Transat AG2R La Mondiale – “Ils ne souhaitent pas communiquer dans ce contexte” – veut quant à lui encore y croire – “Même sans me payer, j’y vais !” –, tandis que Julien Villion n’écarte pas “une participation de dernière minute”.

En tout, d’après notre décompte (voir liste ci-dessous), ils pourraient ainsi être entre 28 et 33, dont deux anciens vainqueurs, Armel Le Cléac’h et Yann Eliès. Le Briochin nous explique ainsi : Il faut que cette course ait lieu, sinon, il risque d’y avoir beaucoup de casse, car des skippers ne pourront plus payer les traites d’un bateau qu’on a quand même acheté très cher et dans lequel on a dû remettre beaucoup d’argent. Si quelques noms peuvent aider à faire pencher les choses du bon côté, c’est bien pour tout le monde.”

RIOU ET GAVIGNET DE RETOUR !

C’est également cet aspect qui a conduit Vincent Riou à faire son retour dès cette année sur une épreuve qu’il n’a plus courue depuis… 2002, comme il l’avait annoncé voilà près d’un an dans notre podcast Into The Wind : “Je pense c’est un peu de notre responsabilité de se bouger pour délivrer un plateau à l’organisateur et aux partenaires des bateaux, mais aussi au public. Il faut soutenir l’effort de guerre.” Autre revenant, Sidney Gavignet, dont la dernière des deux participations remonte à 2000 : “Ça part d’une contrainte, le fait que je sois propriétaire du bateau et que je n’aie personne pour le louer. Du coup, je me suis dit autant m’y coller. Mon budget n’est pas encore bouclé, mais je veux faire un Figaro solidaire, idéalement, j’aimerais que ce soit avec Café Joyeux, comme sur la Route du Rhum.”

Depuis le 11 mai, une partie de la flotte est de nouveau à l’eau, avec des entraînements collectifs prévus la semaine prochaine du côté des pôles de Port-la-Forêt et de Lorient et, si elles ont lieu, deux courses de préparation : la Drheam Cup (18-27 juillet) qui, indique son organisateur Jacques Civilise, “reste programmée comme prévu et s’inscrit dans le calendrier de reprise de la course au large présenté par la FFVoile“, et la Solo Guy Cotten Concarneau, qui devrait être reprogrammée du 4 au 9 août.

Deux épreuves qui, nous confirme le directeur de course de la Solitaire, Francis Le Goff, serviront aussi de qualification pour les bizuths, au nombre de sept a priori (Violette Dorange, Kevin Bloch, Elodie Bonafous, Kenny Rumball, Erwan Le Draoulec, Marc Mallaret, Nils Palmieri). “Ça serait assez formidable de pouvoir faire les deux. Après, si ces deux courses ne peuvent avoir lieu, j’ai pris contact et obtenu l’accord des entraîneurs et directeurs des différents pôles, Port-la-Forêt, Lorient, Team Vendée Formation, pour qu’ils me proposent chacun un parcours de qualification de 200-250 milles avec deux nuits, à faire en groupe en juin-juillet.”

Les 33 skippers ayant annoncé leur intention de courir la Solitaire : Alexis Loison, Armel Le Cléac’h, Sam Goodchild, Violette Dorange, Tanguy Le Turquais, Pierre Leboucher, Phil Sharp, Eric Péron, Fabien Delahaye, Tom Dolan, Kevin Bloch, Alan Roberts, Corentin Douguet, Sidney Gavignet, Xavier Macaire, Anthony Marchand, Pierre Quiroga, Erwan Le Draoulec, Tom Laperche, Loïs Berrehar, Elodie Bonafous, Achille Nebout, Gildas Mahé, Kenny Rumball, Yann Eliès, Alberto Bona, Robin Marais, Cécile Laguette, Vincent Riou, Benoît Mariette, Marc Mallaret, Nils Palmieri, Morgan Lagravière (sous réserves pour ce dernier).


Yvon Breton : « Une annulation aurait aussi des conséquences pour la classe »
Président de la classe Figaro BeneteauYvon Breton estime, à propos de la Solitaire : “Après l’annulation de la Transat AG2R La Mondiale, tout le monde a reporté ses espoirs sur la Solitaire. Si elle n’avait pas lieu, ça serait lourd de conséquences pour la course, les marins, leurs partenaires, mais aussi pour la classe qui a besoin d’événements. Les deux tiers de ses ressources proviennent en effet de l’organisation de ces événements, il y a un enjeu économique qu’on ne peut pas négliger. Aujourd’hui, comme on aura moins de ressources que prévu, on fait au maximum la chasse aux dépenses, j’avais notamment imaginé un plan de communication pour donner de la visibilité à la classe que je n’ai pas pu mettre en œuvre.”

Photo : Alexis Courcoux/Solitaire du Figaro

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