Comment paprec s'investit dans ses projets voile

Comment Paprec s’organise entre ses différents projets voile

La présentation de la Transat Paprec 2023 (ex AG2R), courue pour la première fois en double mixte, a eu lieu jeudi à Concarneau, avec 12 duos sur la ligne de départ le 30 avril. L’occasion pour Tip & Shaft de s’intéresser à la manière dont Paprec, par ailleurs engagé auprès de la Solitaire du Figaro et comme cosponsor de Yoann Richomme en Imoca, gère ses multiples partenariats.

L’histoire de Paprec comme partenaire de la course au large a débuté en 2004 auprès de Nicolas Berenger sur le circuit Figaro et la même année avec Jean-Pierre Dick en Imoca, avec un premier co-partenariat avec Virbac sur la cinquième édition du Vendée Globe, très vite suivi d’un engagement au long cours. Je me souviens d’un repas mémorable avec Jean-Luc Petithuguenin [fondateur du groupe, NDLR] dans les locaux de Paprec à La Courneuve, au cours duquel nous avons scellé un partenariat à long terme avec Virbac, puisqu’il a duré jusqu’en 2014″, raconte Jean-Pierre Dick.

Depuis, Paprec n’a quasiment jamais cessé d’être présent en Imoca, relançant pour l’édition 2020 du Vendée Globe un modèle de co-partenariat devenu sa marque de fabrique“Comme ils font beaucoup de BtoB, ils se sont dit qu’ils n’avaient pas forcément besoin d’avoir tout le bateau et ça leur permet de diviser les coûts en deux”, ajoute le Niçois. Pour le dernier Vendée Globe, c’est donc avec Arkéa que le « mariage » a été scellé, une première expérience difficile, techniquement (problèmes de foils en amont, abandon de Sébastien Simon sur le tour du monde) et humainement, qui a conduit les deux partenaires à changer de skipper et de fonctionnement en vue de l’édition 2024.

“On ne voulait pas revivre ce que nous avions vécu sur le projet précédent où on n’avait pas la main puisqu’on avait sous-traité la gestion à une équipe existante [celle de Vincent Riou, NDLR], confirme Stéphane Névé, responsable des projets voile au sein du groupe Paprec. Si bien qu’on a convenu avec Arkéa de monter une structure dans laquelle on serait actionnaires à parts égales.” Cédric Malengreau, directeur du secrétariat général et de la communication institutionnelle chez Crédit Mutuel Arkéa, ajoute : “La création de cette joint-venture répondait à une volonté de mener un projet entrepreneurial. L’affichage sur un bateau ne suffisait pas, on souhaitait avoir davantage de prise sur les éléments.”

 

Imoca, TP52, Wally 107

 

La structure en question, Team Spirit Racing, dirigée par Romain Ménard, comprend aujourd’hui “une quinzaine de collaborateurs” selon ce dernier, qui ajoute : “L’originalité, c’est que ce sont des sponsors qui sont aussi actionnaires à 50/50, donc une fois par mois, je leur rends des comptes, comme une filiale qui rendrait des comptes à sa maison mère. Et à côté de ça, on a des comités de pilotage réguliers, plus axés sur la communication.”

Le budget de la structure ? Aucun des deux partenaires ne souhaite le communiquer. Cédric Malengreau évoque un budget dans la norme d’un projet performant avec un bateau neuf”. Et se félicite au passage des retombées de la saison 2022, marquée par la victoire de Yoann Richomme sur le Class40 Paprec Arkéa, construit pour l’occasion : “Ça a été une très belle opération par rapport à l’investissement.” Du côté des deux parties, cet investissement est vu sur le long terme, au-delà du Vendée Globe 2024.

Ce qui est également le cas des autres engagements de Paprec dans la voile. Depuis 2001 et un premier IMX40, des bateaux au nom de la société de recyclage régatent ainsi, la plupart du temps sur des courses ou circuits inshore, notamment en TP52. Ce sera encore le cas cette année, toujours en TP52 et sur le Wally 107, deux bateaux achetés l’an dernier. “A l’origine, on devait s’aligner en janvier sur la Transatlantic Race avec le Wally, mais je me suis rendu compte en milieu d’année dernière qu’on ne passait pas d’un 52 à un 107 pieds du jour au lendemain, on a donc décalé ce projet de transat d’un an, explique Stéphane Névé. Il se trouve qu’en septembre dernier, une opportunité de TP52 s’est présentée sur le marché (l’ancien Gazprom Bronenosec, plan Botin de 2015), nous l’avons saisie. Ce qui va nous permettre de faire de l’inshore jusqu’en août avec le TP52, notamment sur les 52 Super Series, puis de courir avec le Wally les Voiles de Saint-Tropez et la Middle Sea Race, cette dernière nous servira à se mettre en configuration large en vue de la transat.”

Ce projet, qui accueille à bord des amateurs éclairés, certains bien connus dans l’univers de la voile professionnelle – Yann et Cédric Chateau, Jean-Charles Monnet… -, emploie un permanent et “un gros mi-temps” qui s’occupent du bateau et de la logistique. Jean-Luc Petithuguenin se joint régulièrement à l’équipage, passionné de voile, au même titre que son fils Sébastien, aujourd’hui directeur général du groupe, au point que ce dernier a couru la Solitaire du Figaro en 2018. “C’est un gros plus, note Romain Ménard. Ils savent que la voile est un sport mécanique et en connaissent les aléas. Et ce sont des gens qui appréhendent le temps long, ils ont compris que la course au large nécessitait de s’engager dans la durée.”

 

“Redonner ses lettres de noblesse
à la classe Figaro”

 

C’est la raison pour laquelle Paprec a annoncé il y a un an son double engagement comme partenaire titre de la Transat Paprec pour trois éditions et comme partenaire principal de la Solitaire du Figaro jusqu’en 2026. Avec une stratégie claire, décrite par Stéphane Névé : “On considère que la classe Figaro, à laquelle nous sommes très attachés, n’est pas au niveau de ce qu’elle devrait être, notre objectif est de lui redonner ses lettres de noblesse et qu’elle redevienne un passage obligé pour les coureurs.” Comment y arriver ? “Le levier principal, c’est l’argent, il faut des moyens en termes de communication pour mettre davantage ces courses en avant”, répond le responsable des projets voile, sans donner les montants investis par Paprec sur le circuit.

Le sponsor ne se contente pour autant pas de verser un chèque, affichant sa volonté d’influer sur le devenir des courses. D’où la décision, prise avec l’organisateur OC Sport Pen Duick, d’imposer le format double mixte sur la Transat Paprec. “On a franchi le pas avec eux parce qu’on savait qu’ils s’engageaient dans la durée, on aurait été plus prudents si ça avait été juste une édition”, précise Joseph Bizard, directeur général d’OC Sport Pen Duick. Et même si le plateau est limité, avec 12 bateaux au départ le 30 avril prochain, Stéphane Névé “reste convaincu que c’est une super formule”. Avant d’ajouter : “Il n’y a pas beaucoup de bateaux, mais ça va faire quatre fois plus de navigatrices que sur l’édition précédente et donc donner envie à plus de filles de monter leur projet. On a de grosses ambitions sur cette transat, il faut que sur la prochaine, on ait entre 15 et 20 bateaux.”

Et sur la Solitaire ? On aimerait retrouver des éditions avec une cinquantaine de concurrents, comme par le passé.” Pour 2023, il se réjouit de voir la course s’arrêter à l’étranger, en l’occurrence, à Kinsale. “On a insisté pour ça, à la fois parce qu’on a des activités à l’international, mais aussi parce que c’est dans l’ADN de la Solitaire d’aller à l’étranger.”

Ce côté proactif a également poussé le groupe à œuvrer pour transformer une troisième épreuve qu’il accompagne, la Paprec 600 Saint-Tropez (24-29 mai), auparavant Au Large de Saint-Tropez. “Le format de cette course changeait régulièrement, confirme Stéphane Névé. Quand la Société Nautique de Saint-Tropez nous a sollicités, j’ai insisté pour qu’on passe à un format fixe de 600 milles, comme le Fastnet, la Middle Sea Race, la Sydney-Hobart, qui attire beaucoup de régatiers. On veut laisser le temps à cette course de devenir une classique de la course au large en Méditerranée.”

Entre projets et courses, le groupe a donc considérablement fait évoluer ses investissements en une vingtaine d’années, en même temps qu‘il s’est développé. “La voile représente pas loin de 50% de nos actions de sponsoring [Paprec est également engagé, entre autres, auprès de l’Opéra de Paris et de l’équipe de rugby de Clermont-Ferrand, NDLR], précise Stéphane Névé.

 

Photo : Martinez Studio

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