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Tour Voile : objectif rempli pour Beijaflore, et maintenant ?

En remportant le Tour Voile 2019, le Team Beijaflore, mené par Valentin Bellet sur l’eau et Pierre Mas à terre, a rempli l’objectif du projet qui était de s’imposer en trois ans. La suite du programme ? Elle passe, pour l’équipe, par des projets plus ambitieux en termes de budget. Et, pour Beijaflore, par le large et la Class40 aux côtés de William Mathelin-Moreaux, déjà soutenu lors de la dernière Route du Rhum.

Pierre Mas a tenu parole. Lorsqu’il a signé fin 2016 avec Beijaflore pour un programme de trois ans en Diam 24, celui qui a notamment mené plusieurs campagnes de Coupe de l’America sous les couleurs françaises puis chinoises s’était engagé à remporter le Tour Voile au bout de ces trois années. Troisième en 2017, l’équipe menée par Valentin Bellet a terminé deuxième en 2018 et première en 2019. Un succès pour le team et pour un sponsor qui, d’entrée, a souhaité lui donner les moyens de remplir ses objectifs. Ni Pierre Mas, ni Laure-Amélie Lelong, la directrice de la communication de Beijaflore, interrogés par Tip & Shaft, ne souhaitent dévoiler les chiffres, mais comme le confiait récemment Jean-Baptiste Durier, directeur du Tour Voile à Tip & Shaft, un budget gagnant sur l’épreuve (et le circuit Diam 24) est de l’ordre de 250 000 euros, certains, selon nos informations, dépassant les 300 000.

Ce succès couronne en tout cas la démarche ambitieuse d’une entreprise de conseil en management créée en 2000 par Guy-Hubert Bourgeois – 1 200 collaborateurs à Paris, Bruxelles, Genève, New York, Rio et Sao Paulo, 105 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018 – que Pierre Mas connaît de longue date. “Nous nous sommes rencontrés chez des amis communs, il a été partenaire du Défi Areva en 2003 avec sa boîte précédente, Devoteam, raconte ce dernier. Par la suite, on a démarré un programme Longtze avec des étudiants de l’Essec, puis avec un équipage professionnel, et quand le Tour a changé de format, Beijaflore m’a demandé de monter une équipe pour y participer. Le résultat avait été totalement honorable [7e en 2015 avec Nicolas Bérenger aux commandes, NDLR], le souhait de Beijaflore a alors été de renouveler l’équipe pour s’adresser à un public plus jeune, en corrélation avec les besoins de l’entreprise.”

Ce que confirme Laure-Amélie Lelong : “Beijaflore recrute chaque année entre 350 et 400 personnes, majoritairement des jeunes diplômés, à qui on met le pied à l’étrier pendant les deux-trois ans qu’ils passent au sein de l’entreprise. Tout notre discours de marque employeur est bâti là-dessus, ce projet de Tour Voile répondait parfaitement à ces objectifs, il est orienté vers la communication interne plus que sur l’externe.”

En 2018, ce projet s’est enrichi, puisque l’entreprise est devenue partenaire-titre de William Mathelin-Moreaux en Class40 sur la Route du Rhum. Ce dernier, alors en école d’architecture à Paris, raconte : “J’ai rencontré Beijaflore il y a neuf ans sur le Trophée des Lycées, course sur laquelle ils m’avaient soutenu. J’ai voulu les revoir quand je montais mon projet Class40. Ce n’était pas du tout prévu pour eux d’avoir un deuxième projet voile, mais je suis arrivé au bon moment, parce que le mien concordait bien avec leur campagne de recrutement de jeunes diplômés de mon âge [il a 25 ans].Contrairement à l’équipe du Tour composée de professionnels issus en bonne partie de la voile olympique, j’étais un pur amateur, avec juste de l’expérience en IRC, le défi d’accompagner un mec partant de rien en lui donnant les moyens de réussir les intéressait.”

“C’était une belle opportunité. William était un des plus jeunes skippers de la Route du Rhum, il avait une trajectoire à construire, ça faisait sens de l’accompagner par rapport à notre positionnement employeur. La Route du Rhum est en outre une course qui a une visibilité plus importante et parle plus à nos collaborateurs que le Tour Voile qui reste quand même pour les initiés”, confirme Laure-Amélie Lelong. Pour sa première transat en solitaire, William Mathelin-Moreaux se classe 16e et le projet est reconduit pour 2019 avec un nouveau bateau, le plan Lombard vainqueur de ce Rhum avec Yoann Richomme, et des objectifs revus à la hausse, notamment sur la Transat Jacques Vabre que le skipper de Beijaflore courra avec Marc Guillemot.

“Le projet n’était censé durer que sur la Route du Rhum, mais il a bien accroché en interne, si bien que Beijaflore a décidé de continuer, mais à condition de viser davantage la performance. Quand l’opportunité de racheter le bateau de Yoann s’est présentée, nous l’avons saisie”, poursuit William Mathelin-Moreaux, qui a terminé deuxième de la récente Les Sables-Horta-Les Sables, s’apprête à courir le Fastnet et vise “un Top 5” entre Le Havre et Salvador de Bahia. Avant d’ajouter, à propos de la suite éventuelle du programme : L’idée est de continuer jusqu’à fin 2020 avec The Transat et Québec-Saint-Malo, on va en reparler en fin d’année.”

Quid du projet mené par Pierre Mas maintenant que l’objectif de remporter le Tour a été atteint ? “Il a toujours été prévu que l’accompagnement se faisait sur trois ans, l’histoire est belle, c’était un budget important, place maintenant au Class40 avec un bateau qui a beaucoup de potentiel, répond Laure-Amélie Lelong. C’est quand même un investissement important pour une entreprise de notre taille [elle ne le dévoilera pas, mais un budget ambitieux en Class40 dépasse les 200 000 euros par an, NDLR], nous avons un PDG qui est très prudent, il ne fait pas de folie.” Et les ambitions de Pierre Mas et de ses ouailles, qui souhaitent continuer à naviguer ensemble, soudés par ces trois années en Diam 24, ne collent plus forcément avec la capacité budgétaire de Beijaflore. On a développé un groupe multi-compétences qui a envie de continuer dans la voile de haut niveau, maintenant il faut trouver des ressources pour un nouveau projet”, confirme le Sétois.

Quel projet ? “C’est compliqué, le GC32 ou le TS35 [successeur du D35 en 2020, NDLR] peuvent être une voie, avec un côté bateau rapide et développement qui plaît à tout le monde, maintenant c’est une marche supplémentaire en termes de budget. Ça peut aussi être de l’offshore en équipage, Julien [Villion] fait déjà du large, Guillaume [Pirouelle] en crève d’envie, j’ai ma petite nostalgie de la Whitbread et le nouveau format de The Ocean Race à deux vitesses est tentant, un projet VO65 répondrait bien à nos objectifs, ça permettrait de faire évoluer le groupe et la structure.” Reste à trouver des partenaires, un tel projet nécessitant pas loin d’une dizaine de millions d’euros. D’autant que l’équipe veut continuer à jouer les premiers rôles : Ce qui nous intéresse, c’est d’avoir les moyens de gagner, ce qui a été le cas avec Beijaflore. J’ai trop fait par le passé des Coupes de l’America au rabais où tu mets beaucoup d’énergie mais tu es disqualifié d’avance à cause du budget, je n’ai pas envie de refaire ça”, conclut Pierre Mas.

Photo : Morgan Bove/ASO

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