Actual Leader fait partie des trimarans de la classe Ultim 32/23

Samuel Tual, Actual Leader : “La crise ne remet pas en cause notre partenariat voile”

Sponsor d’Yves Le Blevec depuis ses années Mini jusqu’à l’actuel programme au sein de la classe Ultim 32/23, le groupe Actual Leader (*) est, comme beaucoup d’autres sponsors de la course au large, frappé de plein fouet par la crise actuelle. Malgré cela, son président Samuel Tual, interrogé par Tip & Shaft, reste convaincu de la pertinence d’un tel partenariat au service d’enjeux de communication importants.

Comment Actual Leader est-il impacté par la situation actuelle ?
Nous avons une activité très dépendante de celle de nos clients, donc cette activité s’est arrêtée brutalement le 17 mars, la plupart des entreprises s’étant arrêtées dans la semaine qui a suivi l’annonce du président de la République. Nous avons perdu 65% de notre chiffre d’affaires et de notre activité. Donc l’impact est très fort à notre niveau, on va sortir de cette crise sanitaire dans une situation économique et sociale très dégradée, puisque nous sommes entrés en récession, et ça va prendre plusieurs mois, pour ne pas dire plusieurs années, avant de revenir à la normale. Malgré tout, dans notre secteur d’activité, nous sommes les premiers à être arrêtés quand ça va mal, mais aussi les premiers à repartir quand ça va bien, donc je reste assez confiant sur le fait que notre rôle restera une activité majeure ; et même si le marché s’est réduit instantanément, il y a encore de belles conquêtes à faire et des enjeux importants. De ce point de vue-là, le moment venu, il faudra de nouveau communiquer pour accompagner notre stratégie de développement.

Le projet voile avec Yves Le Blévec est-il impacté par ricochet par la crise actuelle ?
Il y a un impact immédiat : nous avions un budget en début de période qui correspondait à un programme très clairement établi et ce programme a explosé en vol, puisque tout ce que nous avions imaginé faire sur la période actuelle est remis en cause. Ce qui nous a d’ailleurs conduits à avancer le chantier que nous avions prévu sur le bateau cet été. Donc le programme sportif et événementiel est de fait très dégradé sur l’année 2020, ce qui va instantanément nécessiter un ajustement budgétaire. Après, est-ce que ça peut avoir des conséquences sur notre partenariat dans la durée ? Non. Il y aura forcément des ajustements à faire, mais je ne suis aujourd’hui pas en capacité de dire dans quel sens ça se jouera. Il peut y avoir la tentation à court terme de faire des économies, mais il y a aussi, de mon point de vue, des enjeux dans le fait de davantage communiquer au moment où la reprise sera là pour se distinguer des autres. Il y aura donc des arbitrages à faire le moment venu entre ces deux approches qui peuvent paraître contradictoires, mais il n’y a pas de remise en cause à moyen ou long terme du partenariat.

Vous étiez-vous interrogé sur la poursuite de ce partenariat il y a plus de dix ans, lors de la crise financière de 2008 ?
On avait ajusté à très court terme. Ne pas s’interroger sur les lignes qui constituent les postes de charges de l’entreprise quand on a une activité qui se réduit n’est pas responsable, donc il faut se poser la question. Après, il y a deux tactiques : est-ce qu’on réduit la toile avec la conséquence directe d’avancer moins vite ? Ou est-ce que, au contraire, dans cette période difficile, on prend le pari de maintenir une toile importante pour essayer d’avancer plus vite que les autres ? Tout ça renvoie au projet de l’entreprise. L’avantage que nous avons chez Actual Leader, c’est que nous sommes une entreprise patrimoniale avec un projet qui se décline à chaque fois sur dix ans, nous avons donc une temporalité longue. Et il est tout à fait admissible dans un projet long d’avoir des secousses ; ça ne remet pas nécessairement en cause le projet dans sa globalité et donc, indirectement, le projet voile qui en fait partie sur le volet développement de la notoriété de la marque. Je pense qu’avec cette période compliquée, une sorte de redistribution va s’opérer : nous sommes sur des marchés concurrentiels, le gâteau va être certainement plus petit car le marché sera moins fort, après, ce qu’il faut regarder, c’est le nombre de parts. Mon sentiment, c’est que notre part est encore petite et qu’il y a à manger dans la part des autres, donc il y a des enjeux de visibilité et de différenciation. En période de crise, il peut aussi y avoir de belles opportunités de développement, je suis plutôt dans cette optique-là pour le moment.

Donc vous conseilleriez à des partenaires qui s’interrogent aujourd’hui de tenir bon ?
Tout dépend bien sûr des projets, des classes, des ambitions des uns et des autres, mais de toute façon, je pense que la voile ne peut pas être pensée au niveau com’ uniquement sur des coups. Tous ceux qui viennent pour ça vont effectivement être tentés de se retirer à très court terme, parce qu’ils n’auront pas forcément dans ce contexte les moyens de continuer à investir dans la voile. En revanche, toutes les entreprises qui ont des projets plus structurants avec un terme plus long, il faut qu’elles se disent qu’il y a des cycles et des potentiels d’activités au moment de la reprise qui nécessitent de communiquer. Les enjeux de la communication n’ont jamais aussi été importants que dans la période dans laquelle on va rentrer. Ça va peut-être aussi inciter les organisateurs de course à travailler leurs modèles pour essayer de toucher des publics différents et permettre aux annonceurs d’avoir des retours plus importants. Et d’un point de vue budgets de fonctionnement, il y aura peut-être des arbitrages à faire pour les rendre un peu plus abordables.

Pour revenir à cette année, on attend toujours une éventuelle course de remplacement à The Transat CIC, quelle est votre envie chez Actual Leader ?
Très clairement, pour moi, ça va être une année blanche de ce point de vue-là. A partir du moment où The Transat ne se fait pas dans les conditions initiales, je ne suis pas opposé à ce qu’il y ait une course de remplacement, mais il y a deux sujets : la partie sportive et la partie événementielle. Si on n’arrive pas à faire un événement sur une épreuve déjà sportivement dégradée, ça devient compliqué. Et sur cette année, on avait aussi programmé beaucoup de relations publiques, j’espère que nous pourrons naviguer cet été en Bretagne et à la rentrée en Méditerranée, comme ce qui était prévu, nous avons aussi prévu de faire la course La Trinité-Cowes dont nous sommes partenaires. Donc je ne me bats pas pour qu’il y ait quelque chose à tout prix. Il faut que ça ait du sens. J’attends que ça se décante un peu, mais pour tout vous dire, on travaille beaucoup plus actuellement à préparer les échéances futures et sur le sujet du tour du monde 2023, c’est ça qui m’intéresse.

Dans la perspective de cette course autour du monde en solitaire et pour continuer votre montée en gamme, pourriez-vous être intéressé par le rachat de l’actuel Macif ?
Pour le moment, nous sommes concentrés sur notre bateau que nous souhaitons encore améliorer, donc ce n’est pas d’actualité.

Toujours à propos d’avenir, la crise actuelle peut-elle être une menace pour la classe Ultim 32/23 ?
Je ne pense pas. Nous sommes sur une catégorie de bateaux destinée à une certaine catégorie d’entreprises qui vont devoir nécessairement communiquer d’une façon ou d’une autre. Quelle que soit la situation économique, les enjeux de communication resteront présents, donc globalement, je ne vois pas de remise en cause à court et moyen termes des acteurs. C’est aussi pour ça que le sujet du tour du monde est important et qu’il faut continuer à travailler dessus. Tout ce qui faisait les valeurs et l’intérêt d’un projet Ultim avant la crise restera vrai après, peut-être même encore plus, donc je suis assez optimiste sur l’avenir de cette classe.

Une classe qu’a récemment quittée le Gitana Team, qu’est-ce que vous inspire ce départ ?
Je le regrette très fortement, parce que je trouvais que les échanges avec eux étaient fort intéressants, ils apportaient justement beaucoup au niveau de l’exigence qu’ils portaient. Ils ont refusé par principe d’accepter un cadre qui leur était imposé au nom de la liberté de pouvoir aller sur des projets différents, c’est leur choix, je le respecte, mais je le regrette parce qu’ils pouvaient apporter beaucoup à la classe. Tant pis, on fera sans eux et de toute façon, nos chemins vont se recroiser naturellement.

(*) 7e acteur français sur le marché du travail et de l’emploi, Actual Leader compte à ce jour 2 000 collaborateurs permanents et réalise un chiffre d’affaires annuel de 1,3 milliard d’euros.

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Joint il y a deux semaines, Jean-Bernard Le Boucher, directeur de l’activité mer de Macif, était sur la même longueur d’onde que Samuel Tual concernant le calendrier 2020 et l’éventuelle course de remplacement à The Transat CIC : “Le message général est d’essayer de faire un bel événement, mais il faut que ça fasse sens, il ne faut pas coûte que coûte organiser quelque chose si ça n’est pas le cas.” Même convergence de vue quant au partenariat liant le groupe mutualiste à la course au large : On n’est pas du tout dans des schémas de remise en cause, au contraire, il faut être solidaire par rapport aux engagements qu’on a pu prendre, on reste mobilisés”.
A propos du Vendée Globe, auquel participera Charlie Dalin sous les couleurs d’Apivia, filiale de la Macif, Jean-Bernard Le Boucher ajoutait : “On n’évoque pas à ce jour de risque potentiel d’un décalage ou d’un report, ce serait quelque chose d’assez dramatique pour ce sport. Il ne faut pas prendre de décision hâtive et on s’accroche à l’idée qu’il n’y a aucun changement à ce jour. Une position qui rejoint celle de David Giraudeau, directeur général de La Mie Câline, co-sponsor titre d’Arnaud Boissières, récemment interviewé par Tip & Shaft.

Photo : Alexis Courcoux / Brest Atlantiques

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