Départ Imoca RDR 2022

Vendée Globe : le point sur la qualification et la sélection

Deuxième des cinq courses en solitaire qualificatives pour le Vendée Globe, la Route du Rhum-Destination Guadeloupe a été l’occasion pour nombre de marins de faire un pas important vers la qualification. Où en sont les candidats au tour du monde par rapport à cette formalité importante et à la course aux milles ? Quels bateaux restent disponibles ? Tip & Shaft fait le point.

Ils étaient 38 Imoca au départ de la douzième édition de la Route du Rhum – un record – ; 34 ont franchi la ligne d’arrivée à Pointe-à-Pitre et pour la grande majorité d’entre eux, cela est presque synonyme de qualification pour le Vendée Globe 2024. L’avis de course, dévoilé il y a un peu plus d’un an, impose en effet aux candidats de prendre, sur leur bateau du Vendée Globe, le départ d’au moins deux courses en solitaire – “dont une avant fin 2023 ET une en 2024”. Mais également de terminer classés d’au moins une de ces deux courses, dans un temps ne pouvant pas excéder celui du vainqueur augmenté de 50% (par exemple, si le premier met 10 jours, il faut terminer en moins de 15 jours).

Les cinq courses en question étant la Vendée Arctique, disputée en juin dernier, la Route du Rhum-Destination GuadeloupeRetour à la Base (course retour de la Transat Jacques Vabre dans un an), la Transat CIC et la New York Vendée en mai et juin 2024. Ce qui signifie que les marins ayant terminé cette année la Vendée Arctique ou la Route du Rhum dans les délais et sur leur bateau du Vendée Globe n’ont plus qu’à prendre le départ en 2024 de l’une de ces deux dernières courses, sans avoir l’obligation de les terminer, pour être qualifiés.

Ils sont aujourd’hui 31 marins dans ce cas. 14 d’entre eux ont bouclé dans les temps la Vendée Arctique : Benjamin Ferré, Louis Burton, Guirec Soudée, Alan Roura, Louis Duc, Damien Seguin, Benjamin Dutreux, Giancarlo Pedote, Pip Hare, Sébastien Marsset, Antoine Cornic, Romain Attanasio, Conrad Colman et Kojiro Shiraishi, 17 ont fait de même sur la Route du Rhum : Jérémie Beyou, Kevin Escoffier, Maxime Sorel, Paul Meilhat, Justine Mettraux, Isabelle Joschke, Tanguy Le Turquais, James Harayda, Arnaud Boissières, Yannick Bestaven, Nicolas Troussel, Boris Herrmann, Szalbocs Weöres, Sam Davies, Jingkun Xu, Manu Cousin, Ollie Heer.

 

Quasiment plus de bateaux
d’occasion sur le marché

 

Sur les 34 marins parvenus à couper la ligne d’arrivée à Pointe-à-Pitre, 6 ne peuvent s’en servir comme course qualificative. Les deux premiers, Charlie Dalin et Thomas Ruyant, ainsi qu’Eric Bellion, parce qu’ils ne naviguaient pas à bord de leur Imoca du prochain Vendée Globe – ils attendent un nouveau bateau au premier semestre 2023. François Guiffant parce que son bateau, Kattan, n’est pas éligible au Vendée Globe (car construit avant le Vendée Globe 2004). Mais également Rodolphe Sepho et Nicolas Rouger, dont les temps de course dépassent celui du vainqueur Thomas Ruyant (11 jours 17 heures 36 minutes) augmenté de 50%.

Quant à Fabrice Amedeo, qui avait fini dans les délais la Vendée Arctique, il a eu l’infortune de perdre Nexans-Art et Fenêtres dans un incendie pendant le Rhum, l’obligeant à reprendre à zéro son processus de qualification“Il va falloir que je me requalifie sur mon prochain bateau, on travaille énormément pour en trouver un”, explique celui qui se rassure en constatant que ses partenaires continuent à le soutenir malgré la perte de son Imoca – qui était assuré – et qu’il est bien placé dans la course aux milles (voir ci-dessous).

Les options ? Elles sont restreintes : selon nos informations, il ne reste que le plan Owen Clarke de 2007 de Rodolphe Sepho (que nous ne sommes pas parvenus à joindre) à vendre, ainsi que l’ex Arkéa Paprec, avec lequel Sébastien Simon a participé au dernier Vendée Globe. “Il est toujours en vente, on a fait un refit complet, la peinture a été enlevée, il est prêt à naviguer dans deux semaines”, confirme Romain Ménard, qui dirige le Paprec Arkéa Sailing Team.

 

Encore six ou sept
bateaux neufs attendus

 

L’actuel LinkedOut de Thomas Ruyant a déjà son skipper, annoncé prochainement, pour un projet qui sera hébergé par l’équipe TR Racing : Advens 1 sera au départ du prochain Vendée Globe, il n’est ni loué ni vendu”, explique Thomas Gavériaux, DG de TR Racing, qui promet des annonces au premier trimestre 2023. Hubert, le bateau de Jean Le Cam, avec lequel Eric Bellion a couru cette saison, “est en cours d’acquisition” par l’équipe de Violette Dorange, selon son père Arnaud, contacté par Tip & Shaft. Reste une incertitude sur Malama, le plan Verdier de 11th Hour Racing Team mis à l’eau en août 2021. “Aucune décision n’a été prise quant aux projets de l’équipe ou du bateau après The Ocean Race”, nous indique l’équipe américaine.

S’il trouve son bonheur, Fabrice Amedeo devra donc, pour se qualifier, au moins s’aligner sur Retour à la Base dans un anmême s’il ne la finit pas – il aura alors une deuxième chance sur la Transat CIC et/ou la New York VendéeCe sera également le cas de tous ceux qui n’ont pas encore pris le départ d’une course qualificative à bord de leur bateau du Vendée Globe, en particulier ceux qui attendent encore leur Imoca neuf. A savoir Thomas Ruyant, Charlie Dalin, Yoann Richomme, Eric Bellion, Jean Le Cam et le futur propriétaire du troisième plan Manuard construit chez Black Pepper (après l’actuel Bureau Vallée et Initiatives Cœur), attendu l’été prochain. “On a démarré la construction l’été dernier, en commençant par modifier le moule avec une nouvelle géométrie de coque”, confirme le patron du chantier, Michel de Franssu, qui ne souhaite pas dévoiler l’identité de l’acquéreur.

De son côté, Jörg Riechers affirme que son projet de construction, financé par Alva Yachts, est toujours d’actualité : “Ça a pris du retard, mais ça devrait démarrer en février chez Persico après le bateau d’Eric Bellion, ce sera une opération commando.” Que fera l’Allemand si son bateau n’est pas prêt pour prendre le départ de Retour à la Base en novembre 2023, ce qui l’empêcherait de prétendre à la qualification ? Il n’écarte pas l’idée de demander une dérogation à l’avis de course.  

 

7 marins ne sont plus
concernés par la sélection

 

Formalité obligatoire pour prendre le départ du Vendée Globe, la qualification ne sera pour autant pas forcément gage de participation pour tous. Car si le nombre de candidats dépasse les 40, la barre limite d’inscrits fixée par l’organisateur pour l’édition 2024 – les dossiers de candidatures doivent être déposés avant le 2 octobre 2023 -, la SAEM Vendée devra les départager en tenant compte du nombre de milles parcourus sur les douze courses des Imoca Globe Series identifiées, de la Transat Jacques Vabre 2021 à la New York Vendée 2024.

Une sélection qui ne concernera pas, selon l’avis de course, “la wild card laissée à la discrétion de l’autorité organisatrice ” – que beaucoup voient promise à Clarisse Crémer – et “les treize premiers bateaux neufs à prendre le départ d’une course de qualification. A ce jour, ne sont donc plus concernés par cette course aux milles Jérémie Beyou, Kevin Escoffier, Maxime Sorel, Paul Meilhat, Yannick Bestaven, Boris Herrmann et Sam Davies, qui ont pris le départ de la Route du Rhum à bord de bateaux tous mis à l’eau cette année. Il reste six places à prendre dans cette liste des bateaux neufs pour échapper à la sélection pour un total de quinze bateaux neufs (comprenant Malama et si Jörg Riechers construit le sien).

Et donc 26 tickets à attribuer via la sélection au nombre de milles. Au lendemain de la Route du Rhum, la classe Imoca a mis à jour le tableau des milles parcourus, ils sont un certain nombre à pouvoir être sereins sur ce sujet, notamment Giancarlo Pedote, Isabelle Joschke et Manu Cousin, qui ont participé jusqu’à présent à toutes les courses retenues. Certains ont plus de raison de s’inquiéter, à l’instar de Louis Burton, actuellement 29e, Kojiro Shiraishi, 47e ou Clarisse Crémer, qui, n’ayant pas encore marqué le moindre mille, ne figure même pas dans le tableau de l’Imoca.

Reste que pour que cette règle de la sélection soit appliquée, il faudra effectivement compter plus de candidats que 40, ce qui, à ce jour, n’est pas certain, plusieurs marins n’ayant pas encore bouclé leur budget. “Aujourd’hui, ils ne sont que trois à à avoir fait tous les milles au bout d’un an, ça veut dire qu’il y a eu des péripéties et que ce n’est pas si linéaire que ça, note le président de la classe Imoca, Antoine Mermod. Qui, lorsqu’on lui demande combien il voit de bateaux au départ le 10 novembre 2024, répond : “Je ne pense pas qu’on sera 45, pas 35 non plus, entre 38 et 42 me semble un bon chiffre.”

 

Photo : Vincent Olivaud / RDR 2022

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