Clarisse Crémer à l'arrivée du Vendée Globe

Ronan Lucas : “Repartir avec Clarisse était une évidence”

L’actualité a été chargée ces dernières semaines du côté de Banque Populaire entre Transat Jacques Vabre, terminée à la troisième place par le duo Armel Le Cléac’h/Kevin Escoffier sur Banque Populaire XI, et annonce du futur achat d’Apivia pour Clarisse Crémer en vue du Vendée Globe 2024. Autant de sujets que Tip & Shaft a évoqués avec le directeur du Team Banque Populaire, Ronan Lucas.

 

► Quel bilan avez-vous fait de la Transat Jacques Vabre ?
Nous sommes d’abord très contents d’être arrivés de l’autre côté de l’Atlantique pour la première grande course du bateau. Nous n’avons pas eu de soucis majeurs pendant la traversée, hormis sur la dérive. Mais c’est un problème que nous avions identifié avant le départ. En fait, on avait fabriqué une dérive commune avec SVR, notre première s’est cassée en deux (fin septembre lors d’un stage à Port-la-Forêt), et avec la deuxième, on savait qu’on devait faire attention, mais on a vu qu’à haute vitesse, on a eu des problèmes de cavitation qui ont eu tendance à réduire la performance du bateau. On va du coup corriger le tir et en construire une troisième d’ici la mi-juin, sur laquelle on va certainement changer la forme, la corde, le plan porteur, le dimensionnement…

► SVR Lazartigue vous a privés de la deuxième place en fin de transat, comment l’expliques-tu ?
Je pense que dans la conception de ses foils, il a une plage de vol qui lui permet de décoller un tout petit peu avant nous ; il est en revanche moins stable que nous quand ça va plus vite. Le dernier jour, on est tombés pile dans ce « range », il avait un petit plus dans du vent faible, il en a profité. C’était un peu frustrant pour les garçons de ne pas tenir cette deuxième place qu’ils ont occupée pendant longtemps, mais on a rempli l’objectif qu’on s’était fixé à 100%, on fait quand même un podium pour la première course. Et puis SVR, c’est une chose, mais la référence reste quand même Gitana, c’est de lui qu’il faut se rapprocher.

► Les foils vous donnent-ils satisfaction et avez-vous une deuxième paire en prévision ?
Oui. Grâce au S dans notre shaft, on est pleinement satisfaits des réglages quand il n’y a pas trop de vent, mais aussi quand ça envoie très fort. On arrive à avoir un bateau qui reste très stable et très sûr. Par contre, on doit travailler sur l’état de surface qui n’était pas très satisfaisant à l’arrivée, c’est quelque chose qui nous a aussi un peu nui la dernière journée parce que ça repoussait le moment du décollage du bateau. Pour ce qui est d’une V2, il n’y en aura pas en 2022, on réfléchit pour 2023, mais le bateau est encore jeune, il faut avoir suffisamment de connaissances pour véritablement mettre en route une V2.

► Quel sera le programme de 2022 en vue de la Route du Rhum ?
On envisage de remettre à l’eau en avril, de faire deux transats, peut-être une en faux solo pour qu’Armel arrive hyper préparé sur le Rhum, et il pourrait bien y avoir une course du côté de Brest début juillet à laquelle il nous plairait de participer (Brest Atlantiques, voir ci-dessus).

 

Apivia était le bateau
qui m’intéressait le plus

 

► Parlons maintenant du projet Imoca, la décision de repartir sur une campagne avec Clarisse a-t-elle été prise facilement ?
A partir du moment où Banque Populaire m’a demandé rapidement de leur présenter un projet pour repartir sur un quatrième Vendée, c’est apparu évident de repartir avec Clarisse pour qu’elle y retourne dans un objectif de progression, donc avec moins d’appréhension et plus dans la compétition. Elle a eu de son côté besoin d’un vrai temps de réflexion, mais c’est normal.

► Comment vous y êtes-vous pris pour acheter Apivia ?
Parmi les bateaux qui étaient susceptibles d’être à vendre, Apivia était certainement celui qui m’intéressait le plus. A l’époque, ils ne savaient pas encore s’ils allaient continuer et si oui, sur quel bateau, mais dès qu’ils m’ont signifié qu’il était à vendre, on a attaqué les négociations et ça s’est très bien passé, rapidement, efficacement. En fait, on n’a vraiment discuté qu’avec eux. Je suis très content d’acheter un des meilleurs bateaux de la génération 2020 qui a été dans les mains de Charlie, un super marin, et de l’équipe MerConcept, avec laquelle on partage des standards de qualité et de performance relativement proches.

► Vous l’avez acheté combien ?
Un certain prix (rires). Aux alentours de 4 millions d’euros.

 

“On a un bateau, un skipper
et un budget !”

 

► Pour Clarisse, ça va être une marche importante, as-tu étudié d’autres possibilités, comme des bateaux de génération 2016 ou d’avant avec des grands foils ?
Non, si on y retourne, c’est pour être plus performant. Racheter un bateau de la génération 2016, ça aurait été un peu reproduire le même schéma puisqu’on a fait le Vendée Globe 2020 avec un bateau de la génération 2012. L’idée est vraiment de franchir une marche, c’est sûr qu’elle est importante pour Clarisse, mais elle est extrêmement motivée par ce challenge et le fait d’avoir fait le tour de l’Europe (The Ocean Race Europe) avec Thomas Ruyant l’a pleinement rassurée, elle s’en sent très capable.

► Beaucoup de projets sont annoncés pour ce Vendée Globe 2024, même s’il y a plus de places (40), vous sentez-vous concernés par la course aux milles ?
Forcément, quelqu’un qui veut faire le Vendée Globe, s’il n’est pas préoccupé par ça, c’est qu’il a un problème ! Aujourd’hui, on regarde comment Clarisse pourrait acquérir des milles en 2022 [Banque Populaire récupérera Apvia fin 2022, NDLR], il y aura peut-être des opportunités, notamment sur The Ocean Race. On va se poser ces jours-ci pour définir son programme. Après, on n’est pas les seuls dans ce cas et on est quand même déjà bien avancés : on a un bateau, un skipper et un budget !

► L’objectif sera forcément revu à la hausse par rapport au Vendée Globe 2020 ?
Je te le dirai après la Jacques Vabre 2023 ! D’après ce que je crois savoir, il y a 14 bateaux neufs qui arrivent, donc on ne va pas faire les malins. On va déjà prendre en main le nôtre, faire des courses et on verra où on se situera. Après, je suis assez convaincu que, vu la complexité des bateaux aujourd’hui, avoir un Imoca de la génération 2020 n’est pas forcément un mauvais choix, car il va déjà vite, est fiabilisé et on va continuer à l’améliorer. Pour l’avoir fait plusieurs fois, je sais que concevoir, mettre au point et fiabiliser un bateau neuf sur le Vendée Globe, c’est un challenge énorme. Nous, comme on a un projet phare qui est l’Ultim, on ne voulait pas s’engager là-dedans. Et on est super contents d’avoir ce bateau.

 

Photo : Bernard Le Bars/Alea

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