Sodebo Ultim 3, le trimaran de Thomas Coville

Qui va gagner la Transat Jacques Vabre en Ultime et Class40 ?

79 duos – un record – prendront le 7 novembre le départ de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre. Comme avant chaque grande course, Tip & Shaft s’est entouré d’experts pour évaluer les forces en présence. En l’occurrence Francis Le Goff, directeur de course, Jeanne Grégoire, directrice du pôle Finistère course au large de Port-la-Forêt, Tanguy Leglatin, entraîneur à Lorient, Emmanuel Bachellerie, ancien délégué général de la classe Ultim 32/23, Halvard Mabire, président de la Class40, les navigateurs Michel Desjoyeaux et Maxime Sorel, l’ingénieur/navigateur Antoine Koch, l’architecte Sam Manuard et le journaliste Jacques Guyader (Ouest-France). Premier volet avec les Ultimes et les Class40. 

 

Les Ultimes sont de retour cette année et de l’avis de tous nos consultants, le Maxi Edmond de Rothschild (Franck Cammas/Charles Caudrelier), qui a remporté toutes les confrontations officielles depuis la Brest Atlantiques en 2019, est LE bateau à battre. Plus qu’un favori, c’est pour moi un référent, explique Emmanuel Bachellerie. C’est le premier Ultime conçu pour le vol en 2017, ils ont d’abord validé la plateforme puis affiné l’aéro et mené récemment un gros travail sur les appendices. Le projet est à maturité.”

Jeanne Grégoire, qui a pu observer les cinq inscrits fin septembre lors d’un stage à Port-la-Forêt, ajoute : “IIs prennent des départs comme en Figaro ! Franck et Charles ont suffisamment de pratique commune à bord pour transférer toutes leurs compétences sur une grosse machine, c’est impressionnant”“Ils ont les automatismes, ne semblent jamais hésiter”, renchérit Jacques Guyader qui a eu la chance de naviguer à bord du plan Verdier.

Les Ultimes conçus plus récemment peuvent-ils challenger le Maxi Edmond de Rothschild ? “La force de Gitana 17 réside à la fois dans sa maîtrise du mode volant dans le médium et dans ses qualités dans la brise. Il passe très bien dans la mer et s’avère rassurant avec ses hauts francs-bords. Mais le plateau est fantastique et ce ne sera pas un cavalier seul pour Franck et Charles”, promet Antoine Koch, qui a œuvré aux côtés de Guillaume Verdier à la conception du Maxi Edmond de Rothschild. Et voit en Banque Populaire XI (Armel Le Cléac’h/Kevin Escoffier) son adversaire le plus sérieux.

 

Banque Populaire XI principal rival
du Maxi Edmond de Rothschild ?

 

Ce que confirme Michel Desjoyeaux qui note, à propos de ce dernier, plan VPLP mis à l’eau en avril et victime d’une avarie de dérive lors du stage de Port-la-Forêt : “C’est certes un bateau neuf, mais ils ont beaucoup navigué [13 000 milles, NDLR] et l’expérience de leur précédent trimaran les aura beaucoup aidés dans la mise au point, avec une équipe qui a le savoir-faire.” Une équipe qui a fait le pari de la solidité, quitte à prendre un peu de poids sur la balance, en dotant le trimaran d’une double structure dans les bras et de fonds de coques en monolithique.

Chez SVR Lazartigue, le dernier-né de la flotte (François Gabart/Tom Laperche), on a manifestement placé le curseur différemment. Mais pour beaucoup, la Jacques Vabre arrive un peu tôt : “Le bateau est sans doute le plus ambitieux à terme. Il a l’air extrêmement performant dans le médium, mais a peu de garde à la mer et s’il y a une semaine avec du mauvais temps au début, ça peut être difficile”, juge Antoine Koch. Des conditions qui pourraient en revanche convenir à Sodebo Ultim 3. Jugé moins rapide intrinsèquement, notamment au près, le trimaran de Thomas Coville et Thomas Rouxel semble très à l’aide au portant dans la brise, ce qui peut se révéler précieux derrière les passages de front et si l’alizé est vigoureux.

“Sur une Route du Rhum, les pronostics auraient été différents. Là, les bateaux partent pour plus de 15 jours de mer avec deux passages de Pot au noir. Il faudra être bon partout et sur la durée“, estime le directeur de course Francis Le Goff. Cette double exigence de polyvalence et de résistance entraîne d’ailleurs plusieurs de nos experts à placer Actual Ultim 3 sur le podium : “C’est aujourd’hui le meilleur ratio mise au point/degré de performances. Il est skippé par un duo très complémentaire”, analyse Emmanuel Bachellerie. Reste l’inconnu des Ofni “Tous les teams échangent beaucoup sur le sujet car ils n’ont qu’une envie : régater jusqu’en Martinique !”, raconte Jeanne Grégoire.

Le podium de nos experts : 1. Maxi Edmond de Rothschild (Franck Cammas/Charles Caudrelier), 2. Banque Populaire XI (Armel Le Cléac’h/Kevin Escoffier), 3. Actual Ultim 3 (Yves Le Blevec/Anthony Marchand)

 

Class40 : Foire d’empoigne
chez les scows

 

En novembre 2019, la victoire sans appel de Ian Lipinski et l’aisance insolente dans la brise de son nouveau plan Raison Crédit Mutuel, mis à l’eau l’été précédent, ont été le point de départ d’une nouvelle génération de Class40. Qu’ils soient signés David Raison (Max 40), Sam Manuard (Mach 40.4), Marc Lombard (Lift 2), Guillaume Verdier (Pogo S4) ou VPLP (Clak 40), ce ne sont pas moins de 12 scows de génération post Route du Rhum 2018 qui seront au départ sur les 45 engagés.

“Il y a beaucoup de bateaux neufs, mais peu éprouvés. Ça peut laisser un peu de place à des plans 2016-2017 s’ils sont très bien menés, veut croire Maxime Sorel, vainqueur de la Jacques Vabre en 2017 en Class40, passé depuis en Imoca. Ça dépendra beaucoup du début du parcoursS’il y a des fronts à aller chercher, les bateaux neufs iront plus vite”. Confirmation de l’architecte Sam Manuard : “Il faudrait un alizé très faiblard pour que les bateaux plus anciens puissent rivaliser…”

Souvent cité comme le meilleur défenseur des « bateaux pointus », Luke Berry, associé à Achille Nebout, a, comme d’autres, spatulé l’étrave de Lamotte Module Création (Mach 40.3) pour combler une partie de son déficit au reaching et dans la brise au portant. Il aura cependant fort à faire face à l’armada des scows. Parmi eux, le plus souvent cité comme vainqueur potentiel est Redman (Mach 40.4), skippé par Antoine Carpentier et Pablo Santurde.

 

Redman en pole

 

“Le bateau est récent mais ils ont beaucoup navigué avec un aller-retour aux Antilles et deux transats”, explique Francis Le Goff. Antoine a une grosse expérience sur de nombreux supports (vainqueur de la Jacques Vabre en Multi50 en 2019) et Pablo Santurde est sans doute l’un des meilleurs équipiers du monde”, ajoute Tanguy Leglatin qui entraîne une partie des favoris à Lorient.

Autre tandem souvent cité, celui composé d’Axel Tréhin et Frédéric Denis sur le Max 40 Projet Rescue Ocean : “Ils ont moins d’expérience des grands rendez-vous, mais ont très vite trouvé les manettes. Je les mets au même niveau que Redman, assure Halvard Mabire. Ian Lipinski et Julien Pulvé complètent le podium de nos consultants, même si leur Crédit Mutuel a été moins percutant cette saison.

Derrière, les outsiders ne manquent pas : nos experts citent pêle-mêle Banque du Léman (plan Manuard, Valentin Gautier/Simon Koster), Edenred (plan Manuard, Emmanuel Le Roch/Pierre Quiroga), La Manche#Evidence nautique (Lift 1 signé Lombard, vainqueur de la Route du Rhum 2018, mené sur la Jacques Vabre par les Normands Nicolas Jossier et Alexis Loison) ou encore Seafrigo-Sogestran (Pogo S4, Cédric Chateau/Jérémie Mion). Même si ce dernier, comme son sistership Serenis Consulting (Jean Galfione/Eric Péron), le Max40 La Boulangère Bio (Amélie Grassi/Marie Riou) ou le Clak40 Emile Henry Happyvore, plan VPLP mené par Nicolas d’Estais et Erwan Le Draoulec, ont très peu navigué.

Avec un trajet de 4 800 milles passant par le Cap Vert et privilégiant moins le reaching que l’ancien parcours, le match s’annonce serré, tandis que l’arrivée sur le circuit de nombreux figaristes (Loison, Quiroga, Le Draoulec, Nebout, Péron…) concourt à élever le niveau et pousse les équipages à demander beaucoup à leurs bateaux. Une exigence qui fait dire à Tanguy Leglatin : Ce ne serait pas étonnant qu’il y ait plus de casse que d’habitude en Class40. Les bateaux vont vraiment très vite pour leur taille. Le duo vainqueur sera aussi celui qui aura su gérer techniquement sa course jusqu’au bout.”

Le podium de nos experts : 1. Redman (Antoine Carpentier/Pablo Santurde), 2. Project Rescue Ocean (Axel Tréhin/Frédéric Denis), 3. Crédit Mutuel (Ian Lipinski/Julien Pulvé)

 

Photo : Vincent Curutchet

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