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Qui sera désigné Marin de l’année 2018 ?

Le trophée de Marin de l’Année 2018 sera remis vendredi 1er février au siège parisien du Comité national olympique et sportif français. Qui succèdera à Thomas Covillele lauréat 2017, entre Antoine Albeau, Charles Caudrelier et son équipage de Dongfeng Race Team, Delphine Cousin, François Gabart, Francis Joyon, Paul Meilhat, Nicolas Parlier et le duo Kevin Peponnet/Jérémie Mion ? Tip & Shaft a réuni un panel d’experts pour en débattre, composé d’ex Marins de l’année (Thomas CovilleMichel DesjoyeauxJean-Pierre DickCharline Picon), mais également d’Armel Le Cléac’h, de Jonathan Lobert, de Pierre Le Coq, des journalistes Anouk Corge (L’Equipe) et Dominic Bourgeois.

Les experts réunis par Tip & Shaft – qui fait partie cette année du jury – retiennent cinq des huit nommés, dont trois nettement au-dessus du lot : Charles Caudrelier et son équipage de Dongfeng, placés en pole position par six des neuf spécialistes consultés, suivis par Francis Joyon et François Gabart, à égalité. Les avis sont assez unanimes à propos du vainqueur de la Volvo Ocean Race : “Un Français qui gagne la Volvo, ce n’est pas tous les jours, en plus en monotype, et face notamment à des Espagnols qui avaient plusieurs campagnes à leur actif”, note Dominic Bourgeois. Tandis qu’Armel Le Cléac’h ajoute : La Volvo est une référence dans le monde de la voile, c’est top qu’un équipage en partie français l’ait gagnée au terme d’un fabuleux finish”.

Même son de cloche chez Thomas Coville : “On nous reproche parfois de ne faire que des courses ou des records qui n’intéressent qu’en France, cette victoire montre qu’on peut aller aussi gagner sur d’autres terrains. Tout comme chez Charline Picon qui, si elle a apprécié le duel Joyon-Gabart sur la Route du Rhum, a été “plus sensible à la victoire de Dongfeng face à des équipages venus de plusieurs nations différentes et composés de grands noms de la voile mondiale”. Quant à Michel Desjoyeaux, il tient à souligner les qualités de marin de Charles Caudrelier : “Pour avoir eu la chance de naviguer avec lui sur un de mes bateaux, le MOD70, je ne suis pas surpris qu’il ait réussi ces performances, Charles a quand même gagné deux Volvo sur trois [la première avec Groupama en 2012, NDLR], et il était à deux doigts de remporter la précédente”.

Pour compléter le tableau, Anouk Corge, qui confie avoir voté par internet pour l’équipage de Dongfeng, met en avant le côté chef de projet de Charles Caudrelier : Cette victoire consacre six ans d’un projet dans lequel il fallait quand même croire. Aller apprendre la course au large à des Chinois en à peine un an, finir troisième la première fois alors qu’ils auraient pu gagner s’ils n’avaient pas démâté, puis réussir à gagner la suivante, c’est fort. Cette victoire contribue au rayonnement de la voile française à l’international dans ce qui est quand même la plus grande épreuve en équipage au monde”.

Derrière Dongfeng Race TeamFrançois Gabart et Francis Joyon se partagent à égalité une partie des suffrages de notre panel. Le premier pour “la performance exceptionnelle que constitue son tour du monde en solo en 42 jours”, dixit Armel Le Cléac’h, tandis que Pierre Le Coq commente : “C’est hallucinant ce qu’a fait François. Il va chercher un temps énorme en donnant une impression de facilité alors qu’on sait très bien combien c’est difficile de mener une telle machine en solo. Il fait corps avec, il a une incroyable capacité à mettre le curseur toujours plus haut dans des conditions extrêmes”. Anouk Corge retient également la pugnacité dont a fait preuve le skipper de Macif sur la Route du Rhum : “Il fait une course magnifique parce que, avec les problèmes qu’il a eus, il aurait pu s’arrêter en Espagne comme d’autres, mais non, il a continué et il est passé tout près de gagner”.

La victoire est finalement revenue à Francis Joyon qui ne cesse d’étonner nos experts, à commencer par Michel Desjoyeaux, qui lui décerne son “prix spécial du jury” : C’est un personnage hors du commun. On l’a tous vu faire la peinture de ses flotteurs posés sur le ponton à La Trinité, réparer son mât sous la pluie la veille du départ d’une Transat anglaise qu’il va ensuite gagner. On a su qu’il avait plongé dans l’eau pour enlever sa ligne d’arbre avant un record de l’Atlantique avant de la remettre dans la foulée parce que son routeur lui a finalement dit que la fenêtre était fermée… Et tout ça, ça lui paraît normal, sans avoir 50 mecs autour de lui. Réussir ce qu’il fait de cette façon, je trouve ça remarquable”. Et le triple Marin de l’année d’ajouter : “Quand on a discuté avec le jury du prix de la combativité sur la Route du Rhum, on a choisi Francis, parce que même à 62 ans, il a continué à se battre jusqu’au bout comme s’il en avait 35 ou 40, et c’est comme ça qu’il a pu dépasser François”. Jean-Pierre Dick estime quant à lui que même si le skipper d’Idec a déjà été élu Marin de l’année, en 2008, un deuxième trophée “récompenserait l’ensemble de sa carrière, avec un enchaînement assez fabuleux Trophée Jules-Verne en 2017 et Route du Rhum en 2018“.

Egalement cités par nos experts, les champions du monde de 470 Kevin Peponnet et Jérémie Mion, un peu par “corporatisme” pour leur collègue de l’Equipe de France Jonathan Lobert, mais pas seulement : “J’ai forcément envie que mes petits copains gagnent le trophée, parce que les autres auront certainement plus l’occasion d’en gagner d’autres, mais je pense surtout que ça récompenserait le gros travail que font Kevin et Jérémie. Je connais bien ce dernier, dont j’avais été le parrain aux Etoiles du Sport, je me disais qu’il avait du potentiel et il l’a confirmé à force de travail. Quant à Kevin, il enchaîne quasiment en un mois victoire sur le Tour de France puis titre mondial de 470, c’est énorme.

Pierre Le Coq ajoute : “Quand on connaît la densité de l’olympisme, on mesure ce que représente un titre de champion du monde, surtout dans une série où cela faisait longtemps que ça n’était pas arrivé [1999 chez les hommes, Jean-François Cuzon et Benoît Petit, NDLR]. Ce titre mondial n’a pas échappé à Thomas Coville qui estime que être champion du monde en 470, c’est très fort et ça contribue au rayonnement international de la voile française”. Tandis que Dominic Bourgeois rappelle : “En 470, le niveau mondial est vraiment très élevé, c’est bien aussi de rappeler que certains « kings » comme Billy Besson ou Marie Riou viennent de l’olympisme”. Un Dominic Bourgeois qui tient enfin à souligner la performance de Paul Meilhat, qui, à l’instar de Francis Joyon derrière François Gabart, n’a rien lâché derrière Alex Thomson pour remporter le Rhum : “C’est vraiment un super bon, il fallait tenir la marée sur la Route du Rhum face à aux foilers”. 

Verdict le 1er février !


Marin de l’année, comment ça marche ? Comme tous les ans depuis 2001, un jury d’une quinzaine de personnes réuni par la Fédération française de voile et présidé cette année par l’Amiral Philippe Coindreau se réunira au siège du CNOSF à l’heure du déjeuner avant la cérémonie qui aura lieu au même endroit dans la soirée. Ce jury comprend des journalistes spécialisés, des institutionnels dont le président de la FF Voile Nicolas Hénard, et des sportifs. Chaque membre du jury compte pour une voix, tandis que le vote du public, clos le 6 décembre – initialement, la remise du prix devait avoir lieu le 8 au Nautic avant d’être reportée pour cause de manifestation parisienne des « gilets jaunes » – compte pour deux voix.

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