La Solo Maître CoQ devrait accueillir les Figaro Beneteau 3 fin juin

Comment les différentes classes tentent d’adapter leur programme 2/2

Après bientôt un mois de confinement, les différentes classes océaniques passent beaucoup de temps à travailler avec les organisateurs de courses sur la reprogrammation de leur calendrier 2020, voire 2021, tout en tentant de rassurer leurs adhérents, touchés à des degrés divers par la crise économique. Tip & Shaft, après avoir donné la parole la à Antoine Mermod, président de l’Imoca, a interrogé des représentants des classes Figaro Bénéteau, Mini, Diam 24, ainsi que certains organisateurs.

Classe Figaro : 2020 et 2021 à reconstruire

Solo Maître CoQSolo Guy Cotten Concarneau et Transat AG2R La Mondiale reportées, le début de la saison de la classe Figaro Beneteau a été très perturbé. Le bureau et la commission courses tentent de mettre en place des plans B, à la fois en 2020 et en 2021. Pour l’année en cours, un scénario possible serait de reprogrammer la Solo Maître CoQ début juin, de décaler la Le Havre All Mer Cup, initialement prévue du 5 au 14 juin, à la fin du mois, avant la Drheam-Cup en juillet et la Solitaire du 30 août au 20 septembre.

Pour Yvon Breton, président de la classe, ce scénario reste cependant loin d’être joué : “J’ai des contacts au ministère des sports et auprès du délégué interministériel aux grands rendez-vous sportifs [Jean Castex, qui a été chargé cette semaine par le gouvernement de préparer le déconfinement, NDLR], qui me font dire que plus le temps passe, plus le mois de juin me paraît encore un peu tôt. Les quinze jours qui viennent seront probablement déterminants pour voir comment évolue la pandémie.”

L’ancien cadre dirigeant d’AG2R La Mondiale veut pour autant rester positif, estimant que “tout ce qui peut contribuer à une reprise, comme le sport et donc la course au large, sera pris en compte. On peut imaginer des courses sans avoir tout le décorum autour. La question qui se posera alors est de savoir si ça a de l’intérêt, pour les marins, les partenaires et les collectivités, que ça se passe dans le désert le plus complet. Aujourd’hui, le mieux est d’attendre lundi l’intervention du président de la République.”

Pour ce qui est de la Transat AG2R La Mondiale, OC Sport Pen Duick a annoncé ce vendredi aux marins qu’une tenue de la course en 2020 dans de bonnes conditions n’était pas possible, notamment du fait du déroulement en simultané d’un événement majeur du calendrier mondial de la course au large [le Vendée Globe], qui cannibaliserait l’attention médiatique et l’intérêt populaire.” Autre argument avancé par Yvon Breton : “C’était difficile de la déplacer en fin d’année, parce que si tu arrives à Saint-Barth en novembre-décembre, c’est la haute saison, les prix sont au plus haut et il n’y a pas de place dans le port. Et comme la saison actuelle est morte, ils vont mettre les bouchées doubles”.

OC Sport Pen Duick, qui a décidé de “procéder sans plus attendre au remboursement des droits d’inscription à hauteur de 2 300 € HT”, travaille donc sur un report en 2021, à condition que le partenaire-titre, qui n’a pas encore été sondé, donne son aval. Et que la classe s’accorde avec les coureurs et les organisateurs sur un un scénario très dense pour le premier trimestre 2021 : “L’idée serait de caser la Sardinha Cup, la Transat AG2R La Mondiale à peu près aux mêmes dates que cette année, puis la Med Sea Race [nouvelle course en Méditerranée, NDLR] au retour”, ajoute Yvon Breton.

Ce nouveau programme impliquerait de déplacer la Sardinha Cup, aller-retour au Portugal prévu en avril, une hypothèse que n’envisage pour l’instant pas Estelle Graveleau, qui organise la course au sein du Team Vendée Formation : “A ce jour, nous ne changeons pas ce sur quoi nous travaillons depuis longtemps. Par rapport à l’histoire que nous racontons et à nos partenaires portugais, une autre date qu’avril est compliquée. Attendons déjà de connaître la position d’AG2R, on espère en tout cas que tout le monde trouvera sa place et surtout que personne ne s’imposera.”

Classe Mini : une question de qualification

Avec une seule course courue à ce jour, la Mini Golfe, et six annulées (Plastimo Lorient Mini et Pornichet Select en Atlantique, Arcipelago, Mini Petrolera, 222 Mini Solo et Grand Premio d’Italia en Méditerranée), la classe Mini ronge son frein et il y a peu de chances que la Mini en Mai ait lieu à la date prévue. “Ça risque d’être court, reconnaît Sébastien Pebelier, président de la classe. On a en revanche tous envie de garder espoir pour le Trophée Marie-Agnès Péron, le Mini Fastnet et la Calvados Cup en juin-juillet, et, bien sûr, Les Sables-Les Açores”.

Directeur de course de ces quatre dernières épreuves, Denis Hugues confirme : “Pour l’instant, on travaille comme si elles allaient avoir lieu. Ce qui est certain, c’est qu’on peut redémarrer dans les premiers sans risque : c’est du double ou du solitaire, nous ne drainons pas des millions de spectateurs, le village n’est pas indispensable, on peut se passer de la remise des prix, et les briefings, on peut les faire en visio-conférence, des solutions existent.”

Toutes ces courses requièrent cependant des qualifications sur les épreuves précédentes, notamment Les Sables-Les Açores, de catégorie A. “On élabore des plans pour permettre aux coureurs de la faire sans course de qualification préalable, confirme Sébastien Pebelier. Nous avons un parcours de qualif en Atlantique prédéfini – départ sous le pont de l’île de Ré, une cardinale au sud-est de l’Irlande à virer et retour au plateau de Rochebonne – suffisamment exigeant pour montrer que si tu le boucles, tu sais faire du bateau et tu es donc admissible aux courses A. Pour celles de niveau B, type Mini Fastnet, tu es normalement obligé d’avoir fait avant une de catégorie C, comme le Trophée MAP, là encore, on s’adaptera en fonction, on pourra faire des parcours de qualification, peut-être dans le cadre des convoyages.”

Parallèlement, la classe imagine organiser et/ou reprogrammer des épreuves à l’automne : “Si aucune course n’a lieu, on va tout faire pour organiser des épreuves en septembre-octobre. On n’a pas d’énormes sponsors qui soutiennent nos courses, on est un peu plus flexibles que dans d’autres classes, poursuit le président d’une classe qui, avec 140 bateaux différents inscrits au total sur la Mini en mai et le Mini Fastnet, continue de faire recette.

Peut-elle subir les effets de la crise, notamment sur son épreuve-phare, la Mini-Transat, dont la prochaine édition est prévue en 2021 ? Sébastien Pebelier est partagé : “On est la classe océanique qui coûte le moins cher, avec beaucoup de ministes qui arrivent à s’autofinancer, mais s’ils n’ont plus de boulot ou voient leur salaire baisser, ce ne sera pas leur priorité d’aller faire du bateau. Donc il y en aura forcément qui vont se désister, mais je pense que l’impact va être limité sur l’édition 2021 car beaucoup ont déjà tout prévu, ça sera peut-être plus la promo qui suivra qui sera impactée.”

Diam 24 : le Tour Voile très compromis

En dehors de Sailing Arabia The Tour, les Diam 24 n’ont pas encore pu courir en compétition officielle cette année : les Grands Prix de La Grande Motte et Atlantique ont été annulés, tandis que celui de La Rochelle, prévu du 7 au 10 mai, a été reporté du 18 au 21 juin. Du côté de la Normandie Cup, qui doit avoir lieu du 3 au 10 juin, Cédric Château, responsable de l’événement, nous a indiqué réfléchir sur un report, soit fin juin, soit en septembre, voire octobre.”

Une très grosse interrogation plane sur la tenue du Tour Voile (3-19 juillet), le grand rendez-vous de la saison qui semble très compromis. Joint vendredi matin, son nouveau directeur Victor Mathevet ne cache pas que la situation est compliquée : “Nous (ASO, qui organise l’épreuve mais aussi le Tour cycliste) avons reporté une trentaine d’événements prévus jusqu’à fin mai ; aujourd’hui, nous sommes en position d’attente pour ceux du mois de juillet. La situation sanitaire étant celle que tout le monde connaît, à date, ça paraît complexe, mais personne ne sait ce que ça donnera dans deux mois.” Et l’intéressé de conclure : “On s’est donné jusqu’à la fin du mois pour décider.”

IRC : la Transquadra va sans doute revoir ses plans

Prévu en juillet, de Marseille et de Lorient, le départ de la première étape de la Transquadra 2020-2021 à destination de Madère pourrait ne pas avoir lieu cet été, même si, à ce jour, aucune décision n’a encore été prise. “Quelques éléments préfigurent quand même des modifications au programme initial, explique Mico Bolo, son créateur. On a notamment un problème sur Madère, une île qui vit du tourisme. Le gouvernement local a annoncé qu’il allait salarier à ses frais tous les gens qui travaillent dans le secteur et sont aujourd’hui au chômage, ça peut remettre en cause le soutien financier qu’on attendait de Madère. A cela s’ajoute le fait que les pays européens vont extrêmement restreindre l’accès des frontières entre eux, ça me parait compliqué de débarquer à 600 en avion comme c’est prévu. Et le dernier sujet, c’est qu’on a beaucoup de concurrents qui sont patrons de PME ou professions libérales et nous disent qu’ils n’ont plus forcément la tête à ça.”

Du coup, l’organisation travaille sur trois options : “Soit on maintient tel quel, ce qui paraît peu probable ; soit on laisse les gens rejoindre Madère librement et on fera un départ normal de la deuxième étape, la traversée Madère-Martinique, le 6 février 2021 comme prévu ; soit on décale tout d’un an. On attend les positions plus officielles du gouvernement, on devrait se prononcer d’ici la fin du mois.”

Photo : Alexis Courcoux/Solitaire du Figaro

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